Pour un oui ou pour un non Nathalie Sarraute

Tout part très souvent d’un malentendu ou d’une incompréhension : « Je ne voulais pas dire ça ! », « Mes propos ont été interprété », « Je ne pensais pas ce que j’ai dit »

Les tropismes (émotions infimes, mouvements fugaces, petits malaises innommables, derrière des mots et des conversations banales et stéréotypées) qui sous-tendent nos conversations, échanges ou dialogues sont autant de faiblesses ou failles dont on est sensément le maître.

C’est bien… ça.

Pourtant cela échappe, et tout se tend. D’un malentendu banal surgit les difficultés de la communication. Au cours d’une conversation entre deux amis, l’un complimente l’autre en prononçant les mots : « C’est bien… ça ». Est-ce pour un rien, sans raison ?

La conversation devient alors un débat, puis un conflit, en se développant autour de l’interprétation de cette formule, trois mots dérisoires, du ton sur lequel elle a été prononcée et de ses connotations plus ou moins implicites. La phrase anodine se charge d’interprétations, de jugements et met l’amitié des deux personnages en péril.

… Nous sommes dans deux camps adverses, Deux soldats de deux camps ennemis qui s’affrontent …

« C’est un théâtre du langage. Il produit à lui seul l’action dramatique véritable, avec des péripéties, des retournements, du suspense, mais une progression qui n’est produite que par le langage ».
N.Sarraute

Les spectacles scolaires